Les masques en tissus mis sur la touche…

Julie Pichet Zumeline

Julie

23 janvier 2021
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En début de semaine, j’ai eu le plaisir d’accorder une interview à Aurore, journaliste à Libération. Elle souhaitait avoir un témoignage concernant la création de masques en tissu depuis le 1er confinement en mars 2020 et avoir un retour concernant l’annonce récente sur les masques en tissus qui ne seraient maintenant plus efficaces s’ils ne sont pas certifiés…

Je vous laisse le découvrir, laissez moi vos impressions, vos commentaires et vos avis juste en dessous !

Variant : masques en tissu écartés, couturiers déprimés

Par Aurore Savarit-Lebrère — 20 janvier 2021 à 07:38
 
Face au nouveaux variants du Covid-19, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) estime que le masque en tissu artisanal sans certification, filtrant à 70%, ne fait plus le poids. Une nouvelle déception pour les adeptes du fait main, dont la plupart ont pourtant été réquisitionnés durant la pandémie pour fabriquer des masques.

S’ils ont bien rendu service jusqu’à présent, par souci d’économie, d’écologie ou d’esthétisme, les masques en tissu sont désormais remis en question. Avec l’arrivée en France de nouveaux variants du Covid-19, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) recommande désormais de favoriser les masques en tissu réutilisables de catégorie 1, filtrant à plus de 90%, ainsi que les masques chirurgicaux, jugés encore plus efficaces, mettant au rancart les masques fabriqués à la maison et de catégorie 2. Pour cause, ils filtrent moins et aucun «contrôle de performance» n’est établi pour les masques réalisés de manière artisanale. «Le masque artisanal qu’on fabrique chez soi […] n’offre pas toutes les garanties nécessaires», a résumé le ministre de la Santé, Olivier Véran mardi. Préconisant à la place «la quasi-totalité des masques industriels grand public.»

Le tuto, encore disponible, publié sur le site du gouvernement, pour faire des masques artisanaux «dans le respect des spécifications de l’AFNOR (Association française de normalisation)» ne sera donc plus vraiment utile pour ceux qui n’iront pas jusqu’à faire labelliser leur masque. Au grand dam des petites mains qui s’étaient jusqu’à présent mobilisées pour en fabriquer. Suzette Fernandes, présidente des Hirond’ailes, une association caritative située à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), qui en a produit des milliers se sent perdue. «On voulait vraiment rendre service et les gens les prenaient par nécessité, parce que les uns ne savaient pas coudre et puis d’autres n’avaient pas les moyens. Et il y a eu un grand élan de solidarité, alors on a essayé de faire au mieux d’en distribuer aux personnels des hôpitaux, ou des maisons de retraite pour leur faire plaisir et parce qu’ils le méritaient bien quand même. Mais maintenant c’est vrai que je me sens quelque part démunie face à toutes ces informations qui, certaines fois, se contredisent entre elles», explique Suzette.

Céline, responsable d’une boutique de prêt-à-porter, qui jusqu’à présent, réalisait ses masques elle-même se dit néanmoins prête à respecter les recommandations. «A titre personnel, je suis obligée professionnellement d’utiliser les masques qu’ils préconisent, et si le gouvernement impose certains masques, on sera tous obligés de suivre», concède-t-elle. «Au travail de toute façon, je porte les masques chirurgicaux, parce qu’on se doute bien que l’efficacité n’est pas forcément optimale quand ils sont faits maison.» Mais Céline pointe du doigt la perte de nombreux avantages. «J’ai pas mal de tissus à la maison donc je pouvais en fabriquer plusieurs et ça revenait moins cher, et puis il faut aussi penser aux gens qui n’auront pas les moyens et à l’impact écologique.»

Certification impossible

La présidente de l’association Hirond’ailes dénonce également le manque de recommandations du gouvernement en amont ainsi que le prix de la certification des masques en tissu. «J’ai quand même un petit reproche à faire, c’est que quand on a acheté les tissus, on aurait quand même pu nous donner toutes les informations. On achetait toujours le fil le plus serré pour ne pas laisser passer le virus mais on n’avait pas toutes les normes. Et puis pour les faire certifier par l’AFNOR, ça coûte plus de 1000 euros, alors comment voulez-vous qu’une petite association qui vit de trois fois rien puisse payer autant», interroge-t-elle.

Julie, ancienne ingénieure en environnement, et fondatrice depuis 2014 de la marque de création de textile artisanale et zéro déchet Zumeline, basée à Juvisy-sur-Orge (Essonne), s’est également lancée dans la création de masques en tissu au début de la pandémie et a rencontré les mêmes difficultés. «Pendant le confinement, j’ai réalisé des masques pour les EHPAD et les soignants. Nous avions alors suivi le modèle de masque qu’avait sorti l’hôpital de Grenoble. Puis, on a dû changer ceux qui avaient une couture au milieu, parce que le virus pouvait passer et finalement, on a dû se baser sur des masques à plis recommandés par l’AFNOR. C’était compliqué, mais on a quand même été autorisés à les commercialiser sans devoir payer plus de 1000 euros.»

Les masques les plus sûrs restent actuellement les FFP2 selon le HCSP mais le gouvernement préconise de les laisser aux soignants qui sont les plus exposés. Leur efficacité dépend de la façon dont ils sont portés. Et leur prix reste bien plus élevé que celui des masques chirurgicaux.

Aurore Savarit-Lebrère

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